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Caussade et Septfonds, capitales du chapeau de paille

Chef-lieu de canton du Tarn-et-Garonne, la ville de Caussade est, avec sa très proche voisine Septfonds, au chapeau de paille ce que Paris est aux Lumières, Lyon au beaujolais et Venise aux amours. D'une histoire mouvementée, Croisade des Albigeois en 1209, domination anglaise en 1360, dragonnades du XVIIème siècle, "fiancée" du bon docteur Guillotin un peu plus tard, les habitants de la région se sont taillés une sacrée réputation de volonté farouche doublée d'un certain art de vivre, pour ne pas dire d'un art de vivre certain. Il faut dire que sa situation géographique, entre Cahors aux vins célèbres jusque dans l'église orthodoxe russe et Montauban la gastronome, y est pour beaucoup.

La première liason aérienne Paris-New York a été réalisée en septembre 1930 par un enfant de Septfonds, Dieudonné Costes avec son ami Maurice Bellonte, sur un avion Bréguet XIX, le fameux Point d'Interrogation.

Mais la réputation de Caussade provient essentiellement du dynamisme insufflé par l'arrivée de la chapellerie au XIXème siècle. La ville en a acquis une remarquable réputation pour la qualité de son industrie de la paille, la finesse et la régularité des tresses qui y étaient fabriquées pour la chapellerie dont l'activité est très importante pour la région.

Cette capitale du chapeau organise tous les ans, en juillet, une grande fête, dédiée aux couvre-chefs, qu'ils soient de paille, de laine, de feutre ou de cuir. Ces Estivales sont toujours présidées par les plus grands noms du monde du chapeau.

Connaissez-vous Pétronille Cantecor? A lui seul ce nom est tout un programme. Il sent bon la France profonde comme disait l'autre. En Occitan, Cantecor signifie quelque chose comme "le coeur qui chante". Née en 1770 à Septfonds Pétronille se remarie avec un agriculteur en 1818. Elle eut la joie de lui donner 13 beaux enfants dont elle s'occupait en même temps qu'elle assurait les travaux de et à la ferme.

A ses temps libres elle se mit à tresser de la paille de blé pour confectionner des chapeaux. La "Palhola", la paillole, était née. Ce terme occitan désigne aussi bien le chapeau de paille que la tresse qui le constitue. D'un usage domestique et privé elle dut rapidement faire plaisir à ses voisins, engendrant ainsi une véritable production.

Elle eut alors l'idée géniale de fonder, en 1796, le premier atelier de chapellerie à Septfonds. Cette initiative fut à l'origine de ce qui devait devenir la grande spécialité de la région. De la paille du début on est passé à la laine, au feutre, au textile, au cuir. Les articles vedettes étaient sans conteste le canotier pour les hommes et son équivalent pour les femmes, le gréty.

A sa mort en 1846 de très nombreux fabricants employaient une main-d'oeuvre extrèmement importante, comptant jusqu'à 4000 personnes salariées, à domicile pour la confection des tresses et en ateliers fixes pour la fabrication des chapeaux.

Pétronille se serait montrée très fière de voir l'un de ses petits-fils, Fortuné Cantecor, améliorer davantage ces activités en introduisant, à la fin du XIXème siècle, l'industrialisation et la mécanisation par l'apport de machines à presser à vapeur et au gaz et de machines à coudre motorisées.

La région, comme tant d'autres, subit de plein fouet la concurrence étrangère mais l'arrivée, à la fin de la dernière guerre, d'Auguste Crambes qui mit au point le chapeau en textile lui permit de mieux résister au déclin inexorable, au point de rester l'un des plus importants centres dans sa spécialité bien que, de nos jours, une vingtaine seulement de salariés perpétuent cette magnifique aventure.

C'est pourquoi, à chaque Estivales, une représentation théâtrale fait revivre la mémoire de Pétronille Cantecor.